Date/Time: to
Type: Colloquium, Online
Permanent event: Transnational Seminar with Lecture Series "Cultural Transfer"

The transnational research seminar consists of lectures by invited international scholars dedicated to the study of cultural transfers in very different regions. The sessions of this seminar are held in French, English or German, whereby the language of the lecture results from the given working title, while interventions in the discussion are possible in all three languages.

Frédéric Hitzel, CNRS Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Regards croisés : Empire du Soleil levant – Empire ottoman

Le Japon fut longtemps une île fermée, surtout à l’égard de l’Occident. À l’époque d’Edo (entre 1650 et 1842), les missionnaires chrétiens avaient été expulsés, l’accès de ses ports aux étrangers strictement limités. Les Japonais eux-mêmes, sans autorisations préalables, étaient interdits de sorti du territoire sous peine de mort. Cet isolement prit fin en 1853. La politique de la canonnière imposée par les États-Unis força le shogun à signer un traité de paix et d’amitié, établissant des relations diplomatiques officielles entre le Japon et les États-Unis. Durant les années qui suivirent, le Japon signa des traités similaires avec d’autres pays occidentaux.
Pour les Ottomans, le Japon était alors largement Terra incognita. Ce n’est qu’après le début de l’ère Meiji (1868–1912), en 1868, que certains officiels du sultan commencèrent à s’intéresser à ce lointain pays et aux efforts de modernisation que celui-ci mettait en oeuvre. Demeurés indépendants au plus fort de l’impérialisme européen, cherchant l’un et l’autre à opérer des réformes en profondeur, les deux pays ont un adversaire commun : l’Empire russe. C’est dans ce contexte que les premiers contacts diplomatiques allaient se nouer sous le règne du sultan Abdülhamid II (1876–1909).
 

Nicolas Dufetel, CNRS-IREMUS (Institut de recherche en musicologie), UMR 8223
Le développement de la musique occidentale à Constantinople au XIXe siècle : l’exemple de Giuseppe Donizetti « Pacha »

Parallèlement au développement des Tanzimat avec la proclamation du décret de Gülhane en 1839, au début du règne du sultan Abdülmecid, la musique occidentale s'est progressivement installée à Constantinople. Au-delà des questions politiques, économiques, militaires, etc., l’occidentalisation ottomane est en effet aussi marquée par l’opéra italien, les concerts de musique de chambre, de piano, voire d’orchestre. Cependant, c’est dès la fin des années 1820, sous le règne de Mahmud II, que la musique européenne est peu à peu apparue dans le paysage culturel de Constantinople. En 1828, le recrutement de Giuseppe Donizetti comme Instructeur général de la musique impériale, va durablement marquer l’histoire de la musique en Turquie. Le frère aîné du célèbre Gaetano Donizetti, chargé de l’enseignement et de la formation de la nouvelle musique militaire (transformée avec la réforme militaire et la disparition des janissaires), participe aussi à l’activité musicale de la capitale ottomane et conduit même Mahmud II dans sa propre pratique musicale. La carrière de Donizetti "Pacha" est connue par quelques travaux, notamment turcs et italiens. Elle peut cependant encore être éclairée par des sources inédites et contextualisée dans le cadre des premières années des Tanzimat, voire même avant leur début officiel. La présente communication, qui se situe dans le cadre d’un travail plus large sur la musique occidentale dans l’Empire ottoman à l’époque des Tanzimat, a pour but de présenter de nouvelles pistes d’interprétation à l’appui de sources inédites, en mettant notamment en évidence les aspects diplomatiques et de dialogue culturel.